Changer le monde ? Tu te fous de ma gueule ?

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Au niveau individuel, vous n’avez rien à gagner à résoudre un déséquilibre planétaire, et moi non plus, d’ailleurs, vu que j’ai déjà suffisamment de mal à rembourser les impôts.

D’abord, parceque trouver des solutions, c’est crevant, on est bien d’accord. Des vrais solutions, hein, pas des trucs à la TF1 comme coller les immigrés dans un avion ou rétablir la peine de mort pour les violeurs d’enfants, je parle pas de ça.

Non, je parle de vrais projets, de trucs qui prennent du temps, qui foutent vraiment la merde, par exemple remplacer le pétrole par du solaire ou créer une monnaie décentralisée échappant au controle des banques. Je vous sens mollir, là. Si la politique vous gonfle, Il est toujours temps de quitter cet article pour cliquer sur des photos de grosses chattes ou des vidéos de décapitation, hein, j’ai aucun problèmes avec ça, j’en regarde beaucoup moi-même.

En tout cas, quoi que vous décidiez, vous vous doutez que l’attitude consistant à vouloir changer les choses, pire, chercher à les améliorer, va vous garantir une réputation d’imbécile, voire de type inquiétant, limite communiste. “Faut vraiment avoir rien d’autre à foutre.” qu’on dira, si l’idée vous prend de descendre dans la rue pour protester contre l’exploitation du gaz de schiste ou le réchauffement climatique.

“C’est pas ça qui va les empêcher de la construire, leur centrale, surtout si y a du pognon à la clé !” riront ceux qui ont tout compris des enjeux stratégiques internationaux, depuis leur commentaires YouTube.

La plupart des occidentaux ont une approche très distante de la politique qui leur permet de ne pas se faire tazer dans une manif pour une cause difficile à gagner, mais de s’indigner quand même depuis leur mur Facebook.

Ils compensent leur manque de niaque en postant un truc ou deux contre les mutilations génitales ou la déforestation (surtout pas de politique, les boites de recrutement n’aiment pas les révolutionaires).

Mais de toutes manières, dans l’eventualité ou vous fassiez partie du nombre restreint d’individus décidés à se bouger pour faire une différence, vous pouvez deviner ce qui vous attend: RIEN. Rien et surtout personne, du moins au début.

C’est ce qui s’est passé pour moi et mon blog gr0wing: absolument rien.

J’ai commencé par écrire des posts de développement personel plutôt ringards, puis des trucs un peu plus personels et engagés (mais tout aussi mauvais, dans l’ensemble). Ces écrits ont été reçus par un silence inter-galactique. Un grand vide. Ça a été comme entamer un morceau de harpe mediévale dans un bar un soir de foot: tout le monde s’en branlait de mes conneries.

Tous le monde, sauf quelques uns, dans le fond de l’Internet, que ça interessait quand même pas mal, vu qu’ils étaient dans la même situation que moi: la pêche mais isolés. Souvent qualifiés dans leur job, mais ne partageant rien des idées de leur collègues, aimant la fête, mais pas au détriment de leurs projets politiques, humanitaires ou écologiques.
Et surtout: conscients qu’avec les nouvelles formes de communication, on a peut être les moyens de vraiment changer les choses, ce coup-ci.

D’autant que les choses à changer, on les connait un peu par coeur, maintenant:

  • des gouvernements à la solde des banques et des corporations
  • un ecosystème planétaire qui se fait pêter les côtes par les industries
  • des médias concentrés dans un petit nombre de mains suitantes

Du coup, O_ù_ on va ? Qu’est ce qu’on fait ? Pour reprendre la rhétorique d’un compatriote Marseillais.

Je n’ai pas de réponse facile à cette question, mais à force d’échanges, de lecture et de connexions, j’ai quand même trois certitudes très simples:

Non, tu n’es pas tout seul 🔗

Comme dis plus haut, 98% de la population se plaint de la situation mais ne fait rien pour la changer. C’est nul, mais ça laisse quand même 2% des gens qui se sentent motivés (chiffrés à la louche).

Et la grosse différence avec il y a quinze ans, c’est que maintenant, ce petit monde peut se rencontrer sur Internet et collaborer, alors qu’avant, la distance géographique transformait l’activisme en guérilla de pêts mouillés.

Par exemple, ce blog est en train de rassembler petit à petit des gens qui pensent un peu pareil. Statistiquement, on aurait eu une chance sur 10 000 de se rencontrer dans le monde physique. Mais là, on peut se causer, et au minimum s’échanger des tuyaux.

Peut être aurez vous aussi envie de démarrer votre propre blog, au bout d’un temps vous rencontrerez probablement ceux qui partagent vos idées. Et de proche en proche qui sait, vous construirez peut être un truc ensemble. Vous n’avez pas d’excuse en tout cas.

Le clicktivisme a un impact 🔗

Depuis leur arrivée, les sites comme Avaaz ou Change.org ont inondés les médias sociaux de pétitions adressant tous les problèmes, tous. Certains en ont marre, disent que ça suffit pas de remplir un formulaire en ligne, que personne ne vous écoute si vous descendez pas dans la rue, et que quand bien même vous descendriez dans la rue, personne ne vous écoutera de toutes manières.

C’est pas vrai: et d’ailleurs Avaaz.org a montré qu’ils pouvaient aussi provoquer un évenement concret avec la marche mondiale contre le réchauffement climatique qui a rassemblé 400 000 personnes rien qu’à New York. Depuis des accords on été pris, comme de réduire le déboissement de moitié presque partout d’ici à 2017.

On peut toujours dire que c’est pas suffisant, mais ça démarre déjà quelque chose. C’est un peu plus solide qu’un Meme, quand même.

L’Internet est en train de foutre le bordel, et il n’est pas qu’aux mains des méchants 🔗

Ou plutot, pour peu qu’on ait assez d’argent pour se connecter à Internet, on est à peu près tous égaux: les petits et les grands, les gentils et les méchants.

Ca a des effets de bord assez radicaux, d’ailleurs: des fuites de l’armée américaine sur Wikileaks à la destruction des géants de l’industrie musicale via les échanges de fichiers en pair à pair.

Peut être que ça va continuer avec l’arrivée du Bitcoin, qui pourrait bien marquer la fin du contrôle de la finance par…la finance. Donc on peut encore sauver la situation, et à priori, le moyen privilégié de le faire, c’est Internet.

Je vais le répeter: changer les choses au niveau mondial, c’est possible et nécessaire, ceux qui disent le contraire c’est les feignasses ou ceux qui n’ont pas intêret à ce que ça change.
Et ce changement, pour le meilleur et le pire, il est en train de se produire devant vos yeux Messieurs Dames. La question c’est de savoir la direction que vous voulez lui donner, et surtout si vous voulez y contribuer…Ou pas.

Encore une fois, il n’y aura rien à gratter pour vous, on est bien d’accord.

 

Photo sous license Creative Common Auteur: Tillman